mercredi 18 décembre 2013

Le jeu de l'Autre

Je lis de moins en moins de roman. Non pas que je n'aime pas ça, mais c'est comme si lire, pour moi, était un moment d’apaisement. Je te l'ai déjà dit, lire, c'est comme une séance chez le psy. J'ai besoin d'apprendre, de comprendre. Savoir pourquoi je fais ceci, ou pourquoi une telle dit cela. Pourquoi l'être humain court après quelque chose et surtout après quoi il court. Pourtant, il y a des auteurs que j'aime beaucoup, dont un que j'ai découvert l'année passé c'est Paul Coelho. Je crois d'ailleurs que c'est le seul dont j'achète des livres sans trop lire le résumé à l'arrière. J'admire énormément ce qu'il fait, car il peut écrire un roman tout en gardant une certaine sagesse emprunte de beaucoup de poésie. J'aime ça la poésie. La beauté des mots ajoutés les uns aux autres.... 

Toujours est-il qu'après avoir dévoré l'Alchimiste et le Manuel du Guerrier de la Lumière, je suis tombée sur "Sur le bord de la rivière Piedra, je me suis assise et j'ai pleuré". Livre que j'ai acheté sur une brocante. Je vais t'avouer que dans sa globalité je n'ai pas trop aimé ce livre. Simplement parce qu'il est un peu trop "religieux" pour moi. Mais il y a un passage dans ce livre très important qui m'a beaucoup marqué et auquel je n'arrête pas de penser depuis l'avoir lu. Un passage sur lequel il revient assez souvent après l'avoir narré.

Ce passage est un dialogue entre le héros et l'héroïne du livre. Il lui raconte brièvement l'histoire d'un homme qui a réussit dans la vie et d'un ami qui l'interpelle sur sa réussite. L'homme lui dit alors très simplement qu'avant "il vivait l'Autre". Son ami lui demande alors qui est l'Autre, et l'homme de lui répondre : "L'Autre est celui qu'on m'a appris à être mais qui n'est pas moi. Il croit que les hommes doivent passer leur existence à réfléchir à la façon de gagner de l'argent s'ils veulent ne pas mourir de faim dans leur vieillesse. Tant ils réfléchissent, tant ils font des plans, qu'ils s'aperçoivent qu'ils sont vivant seulement au moment où leurs jours sont sur le point de s'achever (...) " Le héros du livre continue alors de raconter son histoire en parlant de l'Autre comme de celui qui a les responsabilités, les charges, les "je dois". L'Autre est la conscience, la culpabilité, le doute. Par crainte d'être déçu, l'Autre n'agit pas. Il observe. Il attend. Il jauge la moindre décision pour éviter le plus d'échecs, il réfléchit, fait des plans. Aussi, après avoir raconté son histoire, le héros suggère à l'héroïne de "faire l’exercice de l'Autre". Autrement dit, que serait sa vie, sans l'Autre.

Je ne vais pas te raconter tout le livre, qui est en fait une histoire d'amour et de religion, mais le reste de cette réflexion persiste bien après ce passage. Comme de fait, un soir, l'héroïne s'allonge dans son lit et se met à rêver en imaginant l'Autre dans un coin de la pièce. Elle l'imagine misérable, triste, craintive. Cette Autre qui l'observe, qui l'empêche d'avancer. Qui lui insère le doute sur ce qu'elle devrait faire, sur son travail qui l'attend, sur ses proches qui comptent sur elle. Et l'héroïne livre son combat contre l'Autre, tentant de s'en débarrasser.

Je crois que tu comprends où je veux en venir et pourquoi cet histoire de l'Autre m'a beaucoup marqué. J'ai repensé aux Toltèques et à ce qu'ils appellent eux le Parasite. Et je me suis dit "et si toutes ces histoires étaient vraies ?". Depuis peu, je pars donc du principe que j'ai aussi une Autre en moi. Elle est ma conscience. Elle me rappelle de payer mes factures, de me lever le matin. Elle me dit que je dois aller faire les courses, que je dois subvenir à mes besoins. Elle me rappelle l'emprunt de mon appartement, et les responsabilités dans lesquels je me suis engagée. Tous les "je dois" qu'elle m'impose. Jusqu'ici j'ai cru que c'était la vie, la société qui nous imposait tout ça. Mais si en vérité, tout ça, c'était l'Autre.

Je me suis demandée alors, si je pouvais foutre l'Autre dans à coin de la pièce, regarder cette misérable et triste personne, qui je serais ? Vois-tu, l'Autre domine tellement ma vie, que lorsque je me pose cette question, je me dis de suite que je dois aller travailler pour payer ma vie. Mais depuis quelques jours, j'essaye de jouer à l'Autre. Je me mets à rêver. Je rêve de ce statut d'indépendant que j'ai toujours voulu et de l'Autre qui a toujours été si craintive qu'elle m'a coupé l'herbe sous le pied. Je rêve du blog aussi, de ce que je pourrais en faire, d'où je pourrais aller. Et j'essaye quelque chose. J'essaye de m'imaginer sans ce Parasite, sans cet Autre, sans toutes ces craintes. Parce que l'être humain a peur de plein de choses mais surtout de réussir. Sais-tu que la majorité des escaladeurs s'arrêtent avant même d'avoir atteint le sommet de la montagne ? Tu sais pourquoi ? Simplement parce que dans les hauteurs, il y a tellement de brouillard qu'ils ne le voient pas. Arrivé en haut, fatigués, ils partent du principe qu'ils ont atteint leur but et rebroussent chemin. Alors qu'ils ne sont qu'à quelques mètres du "pic"....

On en revient toujours à ces théories.... Et pas pour rien je pense. Comme si tous mes livres, mes vieilles histoires, mes légendes se croisent. Le brouillard, l'Autre, le Parasite... Toutes ces choses qui m'empêchent d'atteindre le sommet. Alors qu'il suffirait simplement, de foutre l'Autre sur une chaise, la laisser dans son coin et rêver à celle que je veux être, puis le devenir.

Il parait que l'Univers conspire toujours en faveur de ceux qui rêvent, et ça, ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est mon ami Paul. Alors... Juste... Rêvons, et jouons au jeu de l'Autre.


♥ ♥ 

Crédit Photo : We heart it

14 commentaires:

  1. Quelle belle inspiration!!
    C'est une très belle voie dans laquelle tu t'engages, ça me parle tellement...
    Toutes ces peurs qui paralysent c'est tout moi aussi, mais je pense que tout le monde peut s'y retrouver.
    Et bien bon courage dans cette nouvelle façon de voir les choses, ça ramène de la lumière dans nos vies je suppose, personnellement je ne saurais pas trop par où commencer mais l'idée va probablement faire son chemin...
    merci en tout cas de ce partage!

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    1. Oh pour le moment tu sais, tout ceci est a l'état de réflexion.
      Après il faut que ça mijote, mais c'est un premier pas !!

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  2. Joli texte, bien expliqué qui amène à réfléchir...
    Mais j'aime surtout ton premier paragraphe, sur le pourquoi tu lis. J'aime aussi beaucoup lire, comprendre, réfléchir, et je suis rassurée de voir que je ne suis pas la seule dans ce cas là, j'ai l'impression que les autres jugent ça comme se prendre la tête inutilement, mais moi j'aime ça, comprendre, ce n'est pas se prendre la tête inutilement pour moi...

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    1. J'ai aussi des gens de mon entourage qui me charie un peu pcq je parle toujours de "ce que j'ai lu"
      Le principal c'est que ça nous fasse du bien, et nous appaise !!

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  3. C'est très joli ce que tu écris ma bichette. En te lisant je me suis dis que justement parfois, vivre juste et simplement l'instant présent, sans prise de tête, est un moyen de mettre notre Autre dans un coin.
    J'ai fais ça dimanche, assise sur mon canapé, entourée de mes enfants et de mon mari. Profitant de cet instant, de ce bonheur simple d'être ensemble (on a trop souffert de l'absence de Chéri, avant). Je pense que lorsqu'on a connu certaines situations bien pires, on relativise, on met le mauvais de côté et on profite. Même si ça n'est que quelques instants. C'est là que se situe le bonheur, à mon sens.
    Des bisous ma puce !!!

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    1. Tu as mille fois raison.
      Comme toi il y a des moments où je peux profiter de l'instant présent, et en général, dans ces moments de "lucidité" je remercie l'Univers de tout ce que j'ai en main.
      Et puis il y a ces jours un peu "sans", où on réfléchit bien trop.... Laissant en fait, parler l'Autre

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  4. "Lorsque tu veux vraiment une chose, tout l'Univers conspire à te permettre de réaliser ton désir : c'est toujours une force positive."
    J'adore Paul Coelho! Enfin, le seul livre que j'ai lu, c'est l'Alchimiste, un guide de vie!
    Cet Autre - Parasite dont tu parles, on l'appelle aussi l'égo (ou du moins, le côté négative de l'égo), celui qui a des peurs, des doutes, des angoisses, etc... J'essaie moi-même de faire en sorte à ce qu'il m'influence le moins possible, c'est le travail de toute une vie... u_u
    Je viens de trouver un site où il y a des citations de l'Alchimiste, peut-être voudrais-tu le voir toi aussi, je l'ai mis en favoris: http://www.amour.ro/spiritualite/alchimiste-paolo-coelho.php
    Bonne soirée à toi et puisse-tu réaliser tes rêves!

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    1. L'Alchimiste, oui je l'ai lu, très très beau.
      Je devrais peut être le relire d'ailleurs.
      Et tu as raison, le monde ne s'est pas fait en un jour, il faut un début à tout ;)

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  5. J'avais adoré ce bouquin, moi! C'est marrant, parce que je suis pas du tout religion et ça me barbe au plus haut point mais là j'avais trouvé ça beau :-)

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    1. Ah ça... Les goûts et les couleurs ^^ Le grand mystère de ce monde :p

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  6. Très belle réflexion qui va totalement dans le sens de ma propre démarche alors ça me parle beaucoup.
    J'ai été bouffée par l'Autre pendant des années et j'apprends doucement à le remettre à sa place dans un coin...

    J'ai envie de te dire, fonce, suis tes envies. Et même si ça ne marche pas finalement. Il vaut mieux des remords que des regrets...

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    1. Oui c'est vrai. Parfois le problème c'est que l'Autre parle sans qu'on s'en rende compte. J'ai eu l'exemple ce soir suite à une nouvelle désagreable.
      C'est en lisant mes commentaires que je me rends compte que l'Autre a mené la soirée jusqu'ici.....

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  7. Ca me parle tellement ce que tu dis... Je suis en pleine réflexion sur ce que je veux faire de ma vie, alors que j'ai mon prêt étudiant sur le dos pendant encore 4 ans, et que je me rends compte que ce que je fais ne me plait pas du tout... J'en ai même commencé la rédaction d'un post sur mon blog !

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    1. C'est dure de prendre des décisions. On essaye tous de faire le 50/50 pour éviter la casse au maximum. Mais on ne sait jamais si casse il y aura. Il n'y a ni bon, ni mauvais choix. Alors il faut essayer, et puis, si on se plante, beh c'est pas grave, on se relèvera ! Car on se relève toujours !

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